Association Martiniquaise des Amis des Volcans Verts de la Caraïbe

4) Sous-unité des mornes littoraux centraux : Réduit-Masson, Mathurin, Vent, Genty J.P.FIARD 04/05/2018

Ces mornes dessinent un arc de cercle presque parfait au-dessus du littoral de Grande Anse et Petite Anse et des petites plaines étroites qui le prolongent en arrière. Culminant entre 200 et 400 m d’altitude, ils déploient, jusqu’à 50 m d’altitude (à la base du Morne Réduit-Masson), puis 100-150 m (sous le Morne Genty), des pentes fortement déclives et même localement des zones de petites falaises plus ou moins couvertes de végétation. Cet ensemble forme un magnifique et luxuriant amphithéâtre de forêts et de verdure ceinturant Grande Anse d’Arlet et Petite Anse.

Cette sous-unité présente évidemment de fortes affinités avec celle des mornes littoraux hyper secs du Morne Réduit et du Morne Gallochat.

Elle en diffère néanmoins par plusieurs caractères :


  • elle ne possède pas de lisière inférieure hyper sèche car, à part vers les Mornes Mathurin et Réduit-Masson, elle ne descend pas en dessous de 100-150 m d’altitude ;
  • elle s’élève à une altitude sensiblement supérieure (400 m aux Mornes Vent et Genty, contre seulement 307 m au Morne Réduit) et est un peu plus retirée à l’intérieur des terres en direction des deux sommets humides et accrochant les nuages du Morne Bigot et du Morne La Plaine. Ces faits impliquent logiquement un climat local et des formations forestières un peu plus humides ;
  • Cette hypothèse est en effet confirmée par la nature et la composition floristique de la forêt qui recouvre ces Mornes, surtout si on la considère là où elle exprime le plus parfaitement son type.

La forêt (secondarisée) entre le Cap Salomon et l’Anse Dufour appartient très nettement au type de la forêt semi-décidue tropicale (UNESCO 1973), caractérisée par :

  • une strate supérieure très majoritairement ou totalement défeuillée en saison sèche,
  • une strate de petits arbres et arbustes de sous-bois toujours verts et à feuilles à cuticule épaisse (sclérophylles),
  • une absence d’épiphytes, ou alors seulement des épiphytes xérophytiques comme certaines Broméliacées xérophiles (Aechmea, Guzmania, Tillandsia)
  • une présence fréquente au sol et sur les rochers de plantes succulentes et de cactées.

La forêt entre le Cap Salomon et l’Anse Dufour entre parfaitement dans le cadre de cette définition avec sa strate supérieure constituée à 80 % de Tendres à caillou : Acacia muricata et de Gommiers rouges : Bursera simaruba, auxquels s’ajoutent en moindre nombre des « Poiriers » des Antilles : Tabebuia heterophylla et des Mapous : Pisonia fragrans. Tous sauf le Mapou entièrement dépouillés de leurs feuilles en saison sèche. La strate inférieure de petits arbres et arbustes est constituée essentiellement de petites Myrtacées sempervirentes : Eugenia cordata var sintenisii : Bois grillé, et Myrcia citrifolia : Merisier. Le Petit Mapou, également sempervirent est aussi très abondant.

La très belle zone boisée établies sur la grande pente ouest du Morne Vent et le versant nord du Morne Genty (notamment dans les vallons et petites ravines au-dessus de la route départementale 7) présente un aspect bien différent avec une strate supérieure dense et luxuriante composée d’un grand nombre d’espèces (entre 15 et 20) dont plus de la moitié est sempervirente ou partiellement sempervirente. Les plus belles forêts de cette sous-unité n° 4 appartiennent par conséquent au type de la forêt sempervirente saisonnière tropicale (UNESCO 1973). Ce sont donc globalement des forêts beaucoup plus diversifiées que celles du Cap Salomon et du Morne Réduit. Cependant, si elles possèdent beaucoup d’espèces arborées de stade secondaire bien développées et formant une belle futaie, elle ne contient pas ou très peu d’espèces et d’individus de l’ancienne forêt primitive. Cette sous-unité relève donc de la forêt sempervirente saisonnière tropicale secondaire d’horizon intermédiaire et à présence très faible ou nulle d’espèces climaciques relictuelles.