Les espèces arborées endémiques strictes de Martinique, c’est-à-dire présentes spontanément, pour toute la planète, seulement sur le territoire de la Martinique, sont relativement peu nombreuses (environ 18 espèces) et pratiquement toutes des espèces de forêt mésophile supérieure, de forêt hygrophile et de forêt de montagne.
Une seule est présente dans la zone inférieure et dans la presqu’île du sud ouest, une autre pouvait aussi se trouver dans la région inférieure, mais n’a pas été retrouvée :
1) Pouteria martinicensis (Pain d’épices). Pentes supérieures du Morne d’Orange et du Morne La Plaine. En lente réinstallation.
2) Comocladia undulata (pas de nom vernaculaire). Les Comocladia antillais (famille des Anacardiacées) sont des espèces de forêts xérophiles et xéro mésophiles. Cette espèce endémique stricte de Martinique n’a jamais été retrouvée (éteinte ?). Elle a pu être présente dans le sud de l’île et dans la presqu’île.
J.P FIARD 22/08/2018
Cette catégorie est bien représentée en Martinique : environ 89 espèces pour l’île considérée dans son ensemble. Ces espèces sont cependant essentiellement des espèces de forêt hygrophile (entre 400 et 700 m d’altitude) et des forêts de montagne (de 700 à 900 m), ainsi que des fourrés ligneux hauts et bas caractéristiques des formations végétales des hauts sommets volcaniques des Pitons et de la Montagne Pelée (entre 900 et 1200m). Elles sont beaucoup moins nombreuses dans la zone basse xéro mésophile et mésophile inférieure (ou sempervirente saisonnière tropicale).
Cependant, 28 espèces arborées de cette catégorie ont, à ce jour, été répertoriées dans la presqu’île du sud-ouest. Un chiffre tout à fait remarquable pour cet étage de végétation et très supérieur à ce qu’on peut trouver ailleurs dans les autres sites de bioclimat similaire.
1) Andira sapindoides (Angelin) Quelques rares pieds dans la vallée de la Ravine Caverne. Une petite incertitude affecte notre détermination car, sur plusieurs années, il a été impossible de voir fleurs ou fruits. Mais cette extrême rareté des floraisons est précisément une caractéristique de cette espèce par rapport à Andira inermis qui fleurit tous les ans avec une régularité de métronome.
2) Calliandra slaneae (Pompon rouge), lieux arides : Cap Salomon, versant ouest du Morne Larcher, entre 0 et 200 m d’altitude.
3) Calyptranthes elegans (Bois baguette, Bois ti-feuilles, noms vernaculaires collectifs et donc source de confusions). N’existe plus en dehors de la presqu’île (n’a pas été retrouvé dans les hauteurs de Case-Pilote) où il est rare globalement, mais localement abondant, par exemple sur le Plateau de la Talante.
4) Cordia martinicensis (Mahot noir, nom vernaculaire collectif). Espèce commune.
5) Cordia nesophila (Mapou noir, Mahot noir, noms plus ou moins collectifs). Espèce commune
.6) Croton bixoides (Baume blanc), espèce très commune, lieux ouverts, bords de chemins, lisières.
7) Drypetes serrata (nom vernaculaire inconnu). Espèce très rare. Retrouvé par P. Joseph sur les pentes nord du Morne du Riz, détermination faite sur matériel stérile. A retrouver pour confirmation définitive. Les stations anciennes, à la base et à mi hauteur de la Montagne Pelée (Habitation Saint-Martin) ont été anéanties en 1902.
8) Eugenia gregii (Bois cendre). Globalement rare à l’échelle de l’île et de la presqu’île. Plateau de la Talante
.9) Eugenia hodgei (nom vernaculaire inconnu ou inexistant). Espèce très rare à l’échelle de l’île comme à celle de la presqu’île. Morne Fournerey, Morne Gardier, Îlet Mandoline.
10) Eugenia trinitatis (Bois ti-feuilles, nom vernaculaire collectif et donc source de confusion) Signalé par Duss dans les forêts de la Caravelle et de la presqu’île du sud ouest à la fin du XIX° siècle. Retrouvé cette année en fleurs (130 ans plus tard) à la base du Morne Genty, dans les alentours du Château d’eau des Anses d’Arlet).
11) Exostema sanctae-luciae (Quinquina Pitons), espèce mésophile à hygrophile du nord de l’île comptant peu de stations et d’individus. Présente mais très rare dans la presqu’île. Observée dans la partie moyenne inférieure de la Ravine pavée (ou de la Ravine Thoraille) en communauté avec des Pains d’Epices (Pouteria sp.).
12) Miconia cornifolia (Bois Côtelette, nom collectif). Espèce plutôt mésophile, par exemple sommet du Gros Morne de Gallochat, en versant est).
13) Miconia striata (Crécré blanc). Abondant versant nord du Morne des Pères, par exemple le long du chemin de Râteau. Se distingue de Miconia laevigata, d’aspect végétatif quasi similaire par : a) fleurs non toutes du même côté sur les branches, b) feuilles à dents très aiguës non ciliées.
14) Myrcia citrifolia var. citrifolia (Bois grillé, Merisier), espèce pionnière (dans ce stade sous forme arbustive, dans le stade de la vieille forêt secondaire sous forme de petit arbre) des lieux secs à sols maigres et pierreux, des savanes arides abandonnées. Très commun dans toutes les zones sèches.
15) Pisonia suborbiculata (Petit Mapou). Mornes andésitiques secs et rocheux, Cap Salomon, Morne Larcher, Morne Réduit Masson, littoral sec de Sainte-Anne etc. Très spécialisé, inexistant en dehors de ces secteurs.
16) Plinia pinnata (Bois muscade). Espèce du nord de l’île où elle est assez commune. Observé quelques pieds dont un en fruits (en forme de petite mandarine et de couleur orange) sur le versant nord du Morne du Riz vers 300-350 m d’altitude. Pas vu ailleurs dans la presqu’île.
17) Pouteria semecarpifolia (Contrevent).Espèce des forêts hygrophiles et méso hygrophiles du nord de l’île. Large spectre écologique sous le rapport des besoins en eau. Observé un sujet de 80 cm de diamètre dans la forêt du Morne David au Saint-Esprit. Une petite population sur le sommet du versant nord du Morne du Riz, vers 350m d’altitude. Un beau sujet sub adulte sur les pentes supérieures est du Morne La Plaine, des individus de régénérations sur les pentes supérieures du Morne d’Orange. Incontestablement une des espèces prépondérantes de canopée de l’ancienne forêt climacique de la presqu’île, au moins dans les sous-unités 1 et 2.
18) Pouteria dussiana (Pain d’épices, nom vernaculaire collectif). Cette espèce se distingue aisément, en période de floraison, par ses fascicules axillaires sessiles ou subsessiles. Pouteria martinicensis et Pouteria multiflora, également présents dans la presqu’île, possèdent au contraire des fascicules axillaires floraux très longuement pédicellés (10-15 mm). Le fruit de Pouteria dussiana est sub sphérique et assez volumineux, et non ovoïde, et contient souvent 2 grosses graines jointives par leur face adaxiale. Observé en fruits sur les pentes supérieures du Morne La Plaine qui dominent le Plateau de la Talante. Individus de régénération sur le plateau lui-même.
19) Psychotria pleeana (Bois mal l’estomac). Petit arbre ou arbuste, se reconnaît par son feuillage d’un vert dense extrêmement brillant et ses stipules triangulaires très fines prolongées par un long appendice filiforme. Abondant dans la vallée de la Rivière de la Pagerie. Récolté et mis en herbier au CBMQ (Conservatoire Botanique de la Martinique) par G. Viscardi et C. Delnatte.
20) Clusia major (Aralie, Aralie Zabricot). Espèce très commune, épiphyte ou épilithe, particulièrement abondante dans la presqu’île du sud-ouest.
21) Clusia plukenettii (nom vernaculaire inconnu ou inexistant). Espèce mésophile à hygrophile récoltée en Martinique Par Duss à la fin du XIX° siècle. Commune à Sainte-Lucie dans la zone mésophile. Non retrouvée mais sa présence dans la presqu’île du sud-ouest semble fortement vraisemblable, vue la proximité de cette dernière (40 km) avec notre voisine du sud.
22) Clusia SP. indéterminée. Observé sur une des pentes du Morne d’Orange. Port vertical ou sub vertical (Clusia major est à port ligneux semi lianoïde), fruits subsphériques (et non en ballon de rugby), restant de couleur verte à maturité (et non pourpre intense).
23) Acrocomia karukerana (Glouglou). Palmier de taille moyenne, à stipe généralement fusiforme et dépourvu d’épines (elles sont caduques) ou à épines rares et inégalement disposées. Elles sont abondantes, grandes, pérennes et disposées en en cercles annulaires sur le stipe d’Acrocomia aculeata, plus abondant (Morne d’Alet), mais pas endémique. Quelques pieds (en danger) le long de la rivière sèche de la Dizac, commune du Diamant.
24) Syagrus amara (Ti-coco). Palmiste à stipe long et très élancé, atteignant ou même surcimant le toit de la forêt, à fronde légère et étroite, noix plus ou moins ovoïdes ou elliptiques, longues d’environ 10 cm et d’un jaune orangé intense à maturité ; ça et là par petites populations dispersées : Morne Gardier, Ravine Caverne (localement), pente sommitale nord et est du Morne La Plaine.N.B.
Pithecelobium vincentis pourrait bien être endémique du sud des Petites Antilles (Saint-Vincent) et de la Martinique. Contrairement à ce qu’affirme J. Fournet dans sa Flore (Ed. 2002) Pithecelobium tortum et Pithecelobium vincentis ne sont absolument pas synonymes. Les deux espèces sont parfaitement distinctes sur le terrain : Pithecelobium tortum, espèce de la Restinga, région sèche au sud de Rio de Janeiro, possède des gousses ventrues et boursouflées plus ou moins enroulées en spirale sur elles mêmes, alors que Pithecelobium vincentis, bien que de tronc, d’écorce et de port très similaire, possède de longues gousses fines et extra plates, légèrement constrictées entre les graines et simplement plus ou moins incurvées, mais jamais enroulées. Ces deux formes sont présentes dans les mêmes sites dans les zones les plus sèches de la Martinique.
J.P FIARD 22/08/2018
Les espèces arborées endémiques antillaises sont celles qui croissent et vivent naturellement à la fois dans une, plusieurs, ou la totalité des Grandes Antilles et une, plusieurs, ou la totalité des Petites Antilles. Ces espèces représentent une fraction relativement importante de la flore arborée indigène et pleinement naturalisée de la presqu’île du sud ouest, environ 38 espèces sur un total d’environ 230 (220 autochtones et 10 naturalisées).
Les espèces arborées endémiques des Petites Antilles (celles qui croissent spontanément dans deux, plusieurs, ou la totalité des Petites Antilles dont la Martinique) sont un peu moins nombreuses : environ 24 espèces dans la presqu’île. Les espèces arborées endémiques des Petites Antilles sont environ 89 pour l’ensemble de la Martinique. Ce sont essentiellement des espèces de la zone hygrophile (au-dessus de 400 m) et de montagne (supérieure à 700 m), ce qui explique qu’elles soient en nombre relativement faible dans la presqu’île du sud-ouest dont le point culminant ne dépasse pas 478 m au Morne Larcher. L’endémisme arboré cumulé de la presqu’île du sud-ouest (endémisme Martinique, endémisme des Petites Antilles, endémisme antillais) s’élève donc à environ 63 espèces sur 230. L’endémisme des espèces arborées, dans la forêt tropicale des Petites Antilles, est plus élevé que celui des espèces herbacées, ce qui pourrait en partie s’expliquer par la lourdeur des diaspores de nombreuses espèces arborées tropicales de stade climax, d’où résultent une plus grande inertie spatiale des populations et une plus forte tendance à l’isolement géographique.
Liste des arborées endémiques antillaises présentes dans la presqu’île du sud-ouest (source J. Fournet : Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique, ed. 2002).
Abréviations utilisées : GA : Grandes Antilles ; PA : Petites Antilles ; ANG : Anguilla ; SM : Saint-Martin ; SB : Saint-Barthélemy ; STK : St-Kitts ; NEV : Nevis ; BRBD : Barbude ; ANTG : Antigua ; MSRT : Montserrat ; G : Guadeloupe ; DR : La Désirade ; MG : Marie-Galante ; ST : Les Saintes ; DMQ : La Dominique ; MA : La Martinique ; STL : Sainte-Lucie ; STV : Saint-Vincent ; GRDN : Les Grenadines ; GRD : Grenade ; BRB : Barbade
1) Acacia muricata : GA, ANTG, ST, G, MG, DMQ, MA.
2) Amyris elemifera : GA, Bahamas, et pratiquement toutes les PA.
3) Ardisia obovata : GA (Porto-Rico), Bahamas, Îles Vierges, PA jusqu’à STL.
4) Bunchosia polystachia : GA, SM, G, DMQ, MA, STL, STV.
5) Calophyllum calaba : GA, ANT, MSRT, G, DMQ, MA, STL, STV, GR.
6) Cecropia schreberiana : GA et toutes les PA jusqu’à GR.
7) Chimarrhis cymosa : GA (Cuba, Jamaïque), ANT, G, DMQ, MA, STL, STV, Trinidad.
8) Clerodendrum aculeatum, arbuste ou petit arbre à port lianoïde GA, et pratiquement tout l’arc des PA jusqu’à Tobago inclus.
9) Coccoloba pubescens : GA (Hispaniola, Porto-Rico), PA jusqu’à STL.
10) Coccothrinax barbadensis : GA (Porto-Rico et Îles Vierges), pratiquement toutes PA jusqu’à STL et BRB (Barbade).
11) Cordia sulcata : GA (Cuba, Hispaniola, Porto-Rico), pratiquement toutes les PA jusqu’’à STV.
12) Croton corylifolius : GA (Cuba, Jamaïque, Hispaniola) MSRT, ST, G, DMQ, MA, STL, STV.
13) Cupania triquetra : GA, G, MA, STL, STV. Coupure nord-sud (Porto-Rico G) dans l’aire de distribution.
14) Eugenia pseudopsidium : GA (Hispaniola, Porto-Rico, Îles Vierges), G, MA, STL, STV. Coupure nord-sud dans l’aire de distribution.
15) Erythroxylon brevipes : GA (Hispaniola, Porto-Rico, Îles Vierges), PA: SB (Saint Barthélémy) et MA. Distribution disjointe, hiatus entre le nord de l’arc des PA et l’île centrale de Martinique.
16) Eugenia cordata var. sintenisii : GA (Porto-Rico, Îles Vierges), PA : dans tout l’arc.
17) Garcinia humilis : GA, MSRT, G, DMQ, MA, STL, STV, BRB (Barbade ), GRD (Grenade).
18) Inga laurina : GA et toutes les PA jusqu’à STV inclus.
19) Ixora ferrea : GA (Cuba, Porto-Rico), et toutes les PA du nord au sud jusqu’aux Grenadines incluses.
20) Licaria salicifolia : récolté jadis en Martinique par A. Plée (début du XIX° siècle. Espèce xéro-mésophile.) GA (Porto-Rico) et PA du nord jusqu’à MA.
21) Lonchocarpus roseus : GA (St Domingue, Porto-Rico) et MA, seule des Petites Antilles hébergeant naturellement cette espèce. Discontinuité totale de l’aire de distribution.
22) Lysiloma ambigua : GA (Saint-Domingue) et MA, seule des PA qui héberge cette espèce. Mimosacée arborée trouvée en Martinique à Fond Bourlet (Stehlé n° 4837 P, MNHN) et plus récemment (1999) à Grande Anse des Anses d’Arlet par C. Sastre N° 9856 P, MNHN). Totale discontinuité de l’aire de distribution.
23) Maytenus laevigata : GA et tout l’arc des PA jusqu’à GR incluse.
24) Myrcia citrifolia var. imrayana : GA (Porto-Rico et Îles Vierges) et l’ensemble de l’arc des PA jusqu’à GR incluse, sauf STL.
25) Ocotea leucoxylon : GA et tout l’arc des PA jusqu’à GR incluse.
26) Ocotea membranacea : GA et tout l’arc des PA jusqu’à GR incluse, sauf STV.
27) Ocotea patens : GA et tout l’arc des PA jusqu’à STV inclus.
28) Oxandra laurifolia : GA, STK (Saint Kitts), NV (Nevis) G, MA. Espèce antillaise rare méso-hygrophile et hygrophile à laquelle les deux îles élevées (Plus de 1000m) de STK et NV, au nord de l’arc, ont pu servir de relai à l’avancée vers le sud.
29) Pilocarpus racemosus : GA (Cuba, Hispaniola), MSRT, G, DMQ, MA.
30) Pouteria multiflora : GA (Jamaïque, Porto-Rico, Hispaniola), NV, MSRT, G, DMQ, MA, STL, STV, GR). L’espèce a été décrite à partir de spécimens de Porto-Rico. Des spécimens extérieurement très proches et originaires du Brésil sont conservés à NY (herbarium du Botanical Garden de New-York). La génétique tranchera.
31) Rochefortia spinosa : GA (ANT, MSRT, G, DR (Désirade), MG (Marie-Galante), MA. Endémique antillaise limitée au sud à la partie nord de l’arc des PA.
32) Tabebuia heterophylla : GA et toutes les PA.
33) Tabernaemontana citrifolia : GA (Cuba, Hispaniola, Bahamas), et pratiquement toutes les PA jusqu’aux Grenadines et Grenade incluses.
34) Ternstroemia pedoncularis : GA (sauf Jamaïque), PA, pratiquement toutes les îles jusqu’à STL comprise.
35) Tetrazygia angustifolia : GA (Jamaïque, Porto-Rico, Îles Vierges), PA quasiment toutes les îles jusqu’à Grenade incluse.
36) Vitex divaricata : GA (Cuba, Hispaniola, Porto-Rico) et toutes les PA jusqu’à Trinidad incluse.
37) Xylosma buxifolium : GA (Cuba, Hispaniola, Porto-Rico), PA: STEUST (Saint-Eustache) G, DR, MG, MA.
38) Zizyphus reticulata : détermination végétative à confirmer par l’examen des fleurs ou fruits : GA (Hispaniola, Porto-Rico, Îles Vierges), PA : BARB, ANTG, MA. Distribution disjointe : hiatus important entre Antigua et Martinique.
Observations :
A l’analyse, la distribution à l’intérieur de l’arc des Petites Antilles des espèces arborées fondamentalement originaires des Grandes Antilles, paraît correspondre à trois cas de figure :
1) distribution en continuum complet ou quasi complet, toutes les îles ou un grand nombre d’entres elles étant concernées ;
2) distribution en pointillé, se répartissant sur l’ensemble de l’arc ou la plus grande partie de ce dernier et des îles, mais ne concernant qu’une partie d’entre elles ;
3) distribution disjointe faisant apparaître un vaste espace lacunaire de 500 à 1000 km entre la sortie des Grandes Antilles et les premières Petites Antilles colonisées, en général les îles centrales Guadeloupe (ou dépendances), Dominique et Martinique.
Cette distribution fortement disjointe, qui concerne un petit nombre d’espèces arborées endémiques antillaises (environ 8) demande explication. Cinq sont des endémiques antillaises présentes dans la presqu’île du sud ouest : 1) Cupania triquetra, 2) Eugenia pseudopsidium, 3) Lonchocarpus roseus, 4) Erythroxylon brevipes, 5) Lysiloma ambigua. Les trois autres sont des espèces hygrophiles ou méso hygrophiles présentes seulement dans le nord de la Martinique : 1) Eugenia domingensis : GA (Cuba, Hispaniola, Porto-Rico), PA : DMQ, MA, STV, BRB (Barbade) et Trinidad; 2) Henriettea triflora : GA (Porto-Rico), PA : MA, STL, GRD ; 3) Ocotea foeniculacea : GA (Cuba, Porto-Rico), PA : MA seulement.
Parmi les nombreuses Petites Antilles du nord de l’arc situées entre le nord de la Guadeloupe et Porto-Rico, les plus fréquemment utilisées comme relais vers le centre et le sud de l’arc des Petites Antilles sont Saint Kitts et Nevis d’une part, et d’autre part Antigua et Montserrat. Les volcans de Saint-Kitts et de Nevis dépassent les mille mètres d’altitude et ont certainement rendu possible la transition vers le sud des espèces hygrophiles. Antigua est la plus vaste des petites îles du nord de l’arc des Petites Antilles. Avec ses 260 km2, elle est presque aussi vaste que Grenade et susceptible de recueillir de nombreux événements de colonisation. Grâce à son altitude modérée mais suffisante (400 m), elle a pu constituer dans le passé un bon relai pour les espèces mésophiles installées sur ses hauteurs.
Quant aux espèces xérophiles, elles ont pu trouver refuge son périmètre littoral relativement important. Assez curieusement Saint-Martin est rarement cité, mais il s’agit peut-être simplement d’un biais de prospection.
J.P Fiard 7/08/2018