Association Martiniquaise des Amis des Volcans Verts de la Caraïbe

biodiversité animale


UNE BIODIVERSITÉ ANIMALE JADIS EXCEPTIONNELLE,  AUJOURD’HUI ENCORE REMARQUABLE

Face à l’exubérance de la végétation, le randonneur est souvent frappé par la relative pauvreté apparente de la faune rencontrée au cours de ses excursions et s’interroge sur les causes d’une telle différence. Il y a au moins deux explications à cette surprenante observation.

La première est que la grande majorité des animaux vivant dans la forêt ont une activité nocturne,  Pour les observer de jour il faudrait pouvoir les débusquer de leurs abris, ce qu’il faut absolument éviter de faire. Au crépuscule, la forêt s’anime et chacun utilise ses propres signaux pour occuper l’espace sonore, visuel et olfactif. Une telle sollicitation des sens entraîne souvent, chez plus d’un, un certain sentiment de panique non justifiée.

La deuxième est  que la biodiversité animale initiale a subi une très importante érosion depuis le début de la colonisation et beaucoup d’espèces qui proliféraient jadis ont aujourd’hui disparu ou sont en voie de l’être.

L’Anonyme de Carpentras dont le navire, guidé par le Caraïbe Salomon, avait très probablement mouillé dans la baie de Genipa en face du Gros Îlet, nous fait une description très précise de la faune de la Presqu’île du Sud-ouest quinze ans avant l’arrivée des colons en 1635. Il nous décrit un monde paradoxal, peuplé de magnifiques perroquets multicolores, qui pourrait ressembler à l’Éden si scorpions, serpents et autres bestioles ne contribuaient pas à lui donner une touche infernale.

S’il n’est pas possible de trouver au niveau de la Presqu’île du Sud-ouest, une répartition des espèces animales en sous-unités  comme cela a été le cas pour la flore, toutefois pour l’avifaune, on peut noter la présence de deux IBA (Important Bird Area), l’une sur les mornes du Sud-ouest, l’autre sur le Rocher du Diamant :


L’IBA des Mornes du Sud-ouest :

Elle  est caractérisée par la présence de l'espèce endémique de Martinique : l’Oriole de Martinique  (Icterus bonana) et de 9 espèces dont certaines sont endémiques des Petites-Antilles : le Colibri huppé (Orthorynchus cristatus), le Colibri Madère (Eulampis jugularis), le Colibri falle-vert (E. holosericeus), l’Elénie siffleuse (Elaenia martinica), le Moucherolle gobe mouche (Contopus latirostris), le Tyran janeau (Myiarchus oberi), le Moqueur grivotte (Allenia fusca), le Sporophile rouge gorge (Loxigilla noctis), le Saltator gros-bec (Saltator albicollis).


Colibri huppé ou Fou-fou

Orthorhyncus cristatus

Présent dans tous les milieux, il se rencontre aussi bien au niveau de la mer que sur la Montagne Pelée. De couleur vert à reflets métalliques, il doit son nom vernaculaire du fait que la tête du mâle est pourvue d’une huppe. Son bec est long et fin. Comme ses congénères, il pond 2 œufs qu’il couvera une douzaine de jours. Des quatre colibris présents en Martinique, il est le plus petit.  Également appelé « Foufou » ce colibri, malgré sa petite taille, défend ardemment son territoire.


Colibri Madère

Eulampis jugularis

Il est le plus grand des colibris de l’île. Ses ailes et sa queue sont marquées par de magnifiques couleurs irisées vertes et bleues. Sa gorge est d’un rouge grenat aux reflets métalliques. Surtout présent en milieu humide jusqu’à plus de 1000 m d’altitude, on peut le rencontrer dans les jardins, en bordure de mer ainsi que dans les mangroves. Le mâle et la femelle se ressemblent. Comme pour toutes les espèces de colibris, le mâle ne participe ni à la construction du nid, ni au nourrissage des jeunes.


Falle-vert

Eulampis holosericeus

De taille intermédiaire, il possède un plumage où le vert métallique prédomine sur la partie supérieur du corps. Comme le « Colibri madère » il possède un bec fin et courbe, quoique plus petit. Surtout présent en milieu xérophile, on peut également le rencontrer dans les jardins et plus rarement dans les milieux d’altitude ou dans les mangroves. Il est difficile de différencier les sexes. Le mode d’alimentation du « Falle-vert » est le même que les autres colibris à savoir nectar de fleurs et petits arthropodes.


Elénie siffleuse

Elaenia martinica


De couleur brun-olive, cet oiseau peu méfiant est très commun. De mœurs diurnes, son observation est cependant plus difficile.  Il vit depuis les zones basses jusque sur les flancs de la Montagne Pelée et on peut le rencontrer dans différents milieux.  L’ « Elénie siffleuse » doit son nom aux divers chants et cris qu’il émet. Son alimentation est principalement constituée de graines, de baies et d’insectes. Il construit un nid très petit dans lequel généralement 2 œufs seront pondus. Les jeunes seront nourris par les deux parents.


Père noir ou Sporophile rouge gorge ou Moisson

Loxigilla noctis


En Martinique, le mâle est appelé « Père noir » et la femelle « Moisson ». Ces noms vernaculaires  sont dus au dimorphisme sexuel bien marqué entre le mâle, au plumage noir avec la gorge et les sourcils rouges, et la femelle au-dessous gris et aux ailes roussâtres. Ce petit granivore, appréciant également les fruits mûrs est présent dans tous les milieux. Peu farouche, il s’invitera rapidement à table s’il se sent en sécurité. Seule la femelle couve ses œufs pendant que le mâle, très territorial, monte la garde.


Gros-bec ou Saltator gros bec

Saltator albicollis


Cet oiseau au plumage verdâtre et aux raies sourcilières claires, est très caractéristique. Il s’observe dans différents milieux jusqu’à environ 500 m, mais affectionne les forêts et milieux secs. C’est dans la partie centre et sud de l’île qu’on le rencontrera le plus souvent. Il se nourrit principalement de graines, de baies et de fruits. Le mâle et la femelle se ressemblent.  Les parents sont très prévenants, car ils participent tous deux à la construction du nid, tout comme au nourrissage des petits qu’ils veillent encore après le départ du nid.


Gangan

Coccyzus minor vincentis


Cet oiseau de la famille des Cuculidés doit son nom à son cri, « sorte de rire rauque dont l’appellation créole est l’onomatopée ». Il est présent dans de nombreux pays d’Amérique tropicale ainsi que dans les Antilles. La Martinique possède avec Ste Lucie et St Vincent la sous-espèce vincentis. C’est un oiseau d’une trentaine de centimètres de long, à longue queue dont les plumes de celle-ci sont étagées et à extrémité blanche. Le ventre est de couleur brun chamois, une tache noire est présente au niveau de l’œil et le bec est fort, légèrement courbé. Il n’est pas rare dans la partie sud de notre île, fréquentant les bosquets et aussi la mangrove, à la recherche d’insectes dont il se nourrit. D’un tempérament peu farouche il se laisse assez facilement  approcher.


L’avifaune du Rocher du Diamant :


On y trouve encore aujourd’hui une douzaine d’espèces qui en font un milieu particulièrement riche et sensible : le  Noddi brun (Anous stolidus) , la Sterne bridée (Sterna anaethetus), le Phaéton à bec rouge (Phaeton aethereus), le  Fou brun (Sula leucogaster), la Frégate superbe (Fregata magnificens), le Bihoreau violacé (Nyctanassa violacea), le Bihoreau gris (Nycticorax nyctycorax), le Héron vert (Butorides virescens), la Crécerelle d’Amérique (Falco sparverius), la Tourterelle à queue carrée (Zenaida aurita), le Tyran gris (Tyrannus dominicensis), l’Hirondelle à ventre blanc (Progne dominicensis).


Moine ou Mwen ou Noddi brun

Anous stolidus


Cet oiseau marin, largement distribué dans les Antilles, ne rejoint la terre que pour se reproduire. Encore appelé « Noddi brun » du fait de la couleur de son plumage, il aime nicher en colonie sur les îlets et les falaises rocheuses. Il est observé chez nous de mars à août. La femelle ne pond qu’un œuf. Principalement actifs le jour, ils aiment chasser en groupe. Les parents, ne possèdent pas de dimorphisme sexuel. Ils  participent tous les deux au nourrissage de leur progéniture jusqu’à une centaine de jours après son envol.


Paille-en-queue à bec rouge

Phaethon aethereus


C’est un bel oiseau marin au plumage blanc avec une tache noire allongée près de l’œil et des rayures transversales noires ondulées sur le dos. Son nom vient du fait qu’il possède 2 rectrices médianes (plumes de la queue) étroites et fines, qui peuvent atteindre une longueur de 40 cm, et un bec fort de couleur rouge corail. On peut le voir de décembre à août voler au niveau du Rocher du Diamant où plusieurs couples viennent chaque année se reproduire. Ils ne nichent pas en colonies et chaque couple ne donne naissance qu’à un petit.


Frégate superbe ou  Macari

Fregata magnificens


Précieux indicateur de la présence de gros poissons, cet oiseau, bien connu des marins-pêcheurs,  peut dépasser les 2,40 m d’envergure. Le mâle au plumage noir possède, en période de reproduction, une poche rouge sous la gorge. La femelle est également noire avec le haut  de la poitrine blanc. Ces oiseaux peuvent parfois s’observer très près du bord, quand les pêcheurs vident leurs poissons. Le « Macari » ne niche pas en Martinique. Cependant il  utilise le « Rocher du Diamant » et le « Rocher de la Caravelle » comme dortoir.


Crabier bois ou Bihoreau gris

Nycticorax nycticorax


De la famille des hérons, il se rencontre dans la mangrove ainsi que dans les étangs et autres milieux d’eau douce. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel. Les couleurs dominantes sont le gris cendré et le blanc. Ses yeux sont rouges. Peu commun en Martinique, ce migrateur s’observe d’octobre à avril. De mœurs nocturnes, il se nourrit aussi bien de poissons, d’amphibiens, de crustacés que d’insectes, voire de vers de terre ou de petits mammifères. Son nom latin signifie « corbeau de nuit » son cri, ressemble d’ailleurs à un croassement.


Caïali ou Héron vert

Butorides virescens


Ce petit héron, au cri perçant, est très commun en Martinique. Il fréquente aussi bien les milieux salés que les mares, mangroves, voire de petits points d’eau dans les jardins. Son plumage multicolore est particulièrement marqué pendant la période nuptiale. Il est très difficile de différencier le mâle de la femelle. Oiseau patient, il peut rester immobile de longues minutes avant de lancer son bec pour attraper sa proie, poisson, amphibien, crustacé, anolis, ou  insecte. Cependant, il défend farouchement son territoire. C’est toute l’année qu’il peut être observé.


Tourterelle à queue carrée

Zenaida aurita


Très territoriale, présente en zones sèches , elle se rencontre surtout dans les bois et bosquets mais aussi en zones urbaines. Faisant partie du gibier, elle est cependant soumise à une réglementation particulière. Principalement granivore, elle se nourrit également de petits insectes ou de vers de terre. Elle pourrait être menacée par la « Tourterelle Turc » du fait de maladies que cette dernière est susceptible de transmettre à notre tourterelle. Une suspicion d’hybridation entre ces deux espèces est également évoquée mais non démontrée à ce jour.


Pipiri ou Tyran gris

Tyrannus dominicensis


Il s’observe davantage en milieu découvert des régions sèches. Il n’existe pas de dimorphisme sexuel chez cet insectivore. Ce sont de parfaits parents qui assurent le nourrissage des petits et surtout, qui n’hésitent pas à défendre leur nid avec véhémence contre l’incursion d’oiseaux parfois beaucoup plus gros qu’eux. Le « Pipiri » est également un modèle d’adaptation. En effet, certains d’entre eux ont modifié leur comportement en devenant des chasseurs nocturnes.  La nuit, en milieu urbanisé, il s’installe sur le sommet de lampadaires afin de capturer les insectes attirés par la lumière.

Hirondelle à ventre blanc

Progne dominicensis


Cette hirondelle est présente en Amérique Centrale, en Guyane et dans les Grandes et Petites Antilles. Elle est présente en Martinique, entre février et octobre, où elle niche. C’est d’ailleurs la seule hirondelle à se reproduire chez nous. Le plus souvent elles survolent, en groupes de quelques individus, les milieux ouverts, champs, prairies, savanes, au-dessus desquels elles capturent des insectes. Elle niche surtout sur les falaises côtières. Comme toutes les hirondelles et martinets, vivant sur le territoire national, l’ « Hirondelle à ventre blanc » est une espèce protégée.


Cet extrait de lettre écrite le 23 mai 1671 par M. Chrétien à un licencié de la Sorbonne permet de mesurer l’ampleur des dégâts commis au niveau de cet « Important Bird Area » depuis le début de la colonisation et le chemin qui reste à parcourir si l’on veut redonner à ce joyau son lustre d’antan.

"Le Diamant eft un grand rocher fitué au fud de la Martinique & féparé de l'Ifle par un détroit d'une lieue. Les rus des marées contraires qui courent furieufement entre les pointes des montagnes voifines, les rendent prefque inacceffible. Les oifeaux s'y retirent comme dans un lieu où les dangers de la mer & les précipices les raffurent contre les courfes des chaffeurs. Il y en a fi grande quantité qu'ils font comme de grands nuages au-deffus des batteaux qui en approchent ; & ceux qui ont la hardieffe de monter au haut de ce rocher, remplissent fouvent de grands canots de petits qu'ils prennent à la main, dans les trous & dans les herbes d'alentour : de forte que la stérilité dé ce defert produit, avec une fécondité admirable, le grand nombre d'oifeaux qui peuplent nos bois ; & qui font une partie de notre nourriture. M. Le Général de Baas, ayant fagment remarqué que les habitants des côtes voifines enlevoient les œufs & les petits, & ruinoient la chaffe de l'Ifle par ce pillage, a défendu à toute fortes d'habitants d'aborder cette Ifle durant le temps que les oifeaux y couvent leurs petits; & le Sieur de la Paire, Capitaine Commandant de ce quartier, a pris un foin particulier de faire obferver cette ordonnance fi utile au Public, jufqu'au 23 Mai, qu'il commanda un canot pour reconnoître la fécondité de ce petit defert". 

Malgré cette importante érosion de la biodiversité,  la Presqu’île du Sud-ouest héberge encore  aujourd’hui un grand nombre d’espèces animales indigènes présentant des aires de répartition plus ou moins étendues.

Dans le monde, certaines de ces espèces ne sont présentes qu’au niveau de la Presqu’île du Sud-ouest, elles sont dites endémiques de la Presqu’île du Sud-ouest.  D’autres sont partagées avec le reste de la Martinique et absentes des autres îles, elles sont dites endémiques de la Martinique. D’autres sont partagées avec une ou plusieurs îles des Petites Antilles, elles sont dites endémiques des Petites Antilles et enfin d’autres se retrouvent également dans les Grandes Antilles, ce sont les endémiques des Antilles.


Espèces animales endémiques de la Presqu’île du Sud Ouest
Espèces animales endémiques de la Martinique
Espèces endémiques des Petites Antilles
Espèces endémiques des Antilles

Espèces endémiques aujourd’hui disparues de la Presqu’île du Sud-ouest